Depuis la création du bitcoin en 2009, de nombreuses autres cryptomonnaies et services basés sur le protocole blockchain se sont développés : on en recensait fin 2017 plus d‘un millier (Ethereum, Neo, Ripple, Iota, etc.) : un continent reste à explorer. Cette séance se propose ainsi d’établir un panorama critique d’autres plateformes et environnements de programmation afférents : smart contracts, decentralized apps (dApps), réseaux Tangle, etc., dont les applications dépassent largement le champ monétaire. En plus de poser les bases d’une compréhension technique de ces environnements rhizomatiques, nous verrons comment des artistes et designers s’emparent de ces protocoles pour en montrer les potentiels ou les limites dans des champs comme le marché de l’art, le jeu vidéo, etc.
Participant-e-s
Alexandre Rouxel
Cofondateur de la Distributed Gallery et membre du collectif Ryhope, il présente les liens entre le protocole blockchain et le marché de l’art, et le projet artistique Chaos Machine.
Daniel Shavit
Co-fondateur de la start-up Botta.io et consultant blockchain chez Horatii Partners, il travaille également sur ce sujet pour la Fabrique du Futur
Guilherme Twardowski
Directeur artistique de Cryptokitties, premier jeu basé sur la blockchain Ethereum, consistant à collectionner des chatons numériques (en visioconférence).
John Watkinson
Co-créateur de CryptoPunks, 10 000 personnages uniques à collectionner, stockés sur la blockchain Ethereum (en visioconférence).
Allan Deneuville
Doctorant à l'École universitaire de recherche ArTeC et l’Université du Québec à Montréal, sa thèse porte sur les pratiques artistiques d’appropriation sur les réseaux sociaux. Il présente la vidéo Why she prefers cryptos.
Compte-rendu
La blockchain suscite des intérêts contradictoires. Pour certains, elle représente une énième dérive de la finance néolibérale et l’émergence d’un capitalisme distribué, quand d’autres y voient un outil d’émancipation de toutes les institutions centralisées, des banques aux entreprises, qui faciliterait l’auto-organisation. Il est important de souligner que les applications de la blockchain ne se restreignent pas au champ monétaire. Cette deuxième séance était consacrée plus spécifiquement à Ethereum, co-fondé en 2015 par le programmeur russo-canadien Vitalik Buterin : Ethereum est une infrastructure qui étend les possibilités de Bitcoin, permet des applications autres que les transactions financières, grâce à des contrats intelligents (ou smart contracts) et des applications décentralisées. La soirée a convié un chercheur pour introduire l'environnement technique de la blockchain et des artistes dont les projets jouent avec les potentiels et les limites de la blockchain, notamment dans des champs comme le marché de l’art et le jeu en ligne.
Alexandre Rouxel
Alexandre Rouxel développe des projets autour des protocoles blockchain appliqués au marché de l’art au sein de Distributed Gallery, un groupe de réflexion et de création autour de l’art basé sur la blockchain, qui se présente comme "la première galerie spécialisée dans les œuvres d’art et les expositions basées sur la blockchain". Distributed gallery est notamment l’auteur de the Ready-Made Token, de Richard Prince, un token présenté comme une œuvre d’art. Distributed gallery a présenté sa Chaos Machine au Schinkel Pavillon à Berlin dans l’exposition Proof-of-Work : il s'agit d'une installation artistique permettant au public d'insérer un billet de banque à l'intérieur qui brûle une fois à l’intérieur et déclenche une musique au hasard. L’utilisateur se voit proposer, via un smart contract, la possibilité d’intégrer le chanson à une playlist. La Chaos Machine montre de façon spectaculaire le passage d'une monnaie fiduciaire à une monnaie cryptographique, ou encore le vide inhérent à toute abstraction monétaire. Enfin,Distributed Gallery est co-fondateur de Pando-Network, qui développe une infrastructure open source pour la création de contenu distribuée.
Allan Deneuville
Allan Deneuville est doctorant à l’Ecole Universitaire de Recherche ArTeC et l’Université du Québec A Montréal. Sa thèse porte sur les pratiques artistiques d’appropriations sur les réseaux sociaux. Il présente la vidéo Why she prefers cryptos : Gabi Gee est une travailleuse du sexe exerçant sur Spankchain, un site de cam-model fonctionnant sur la blockchain et avec les cryptomonnaies. C’est via ce site qu’elle nous explique ce que la blockchain change à sa vie et à son travail.