La monnaie s‘inscrit dans l’histoire séculaire des transactions économiques. Au XXe siècle, les poussées capitalistes opèrent une déconnexion entre la valeur fiduciaire des monnaies et leur matérialité : moins de 8% des unités de compte seraient, en France, accessibles sous forme physique.
En parallèle d’artistes et de designers mettant en évidence l’absurdité d’un système économique à bout de souffle, l‘apparition des bitcoins (BTC) en 2009 sonne comme une alternative à la multiplication des crises financières. Les cypherpunks, ces activistes à l‘origine des cryptomonnaies, nous invitent ainsi à repenser les modèles de cyberpouvoirs liés aux réseaux d‘information car les différentes architectures techniques (centralisées, décentralisées, distribuées, etc.) conditionnent des visions de la société.
Dans quels courants de pensée ce mouvement s’inscrit-il ? Comment retracer l‘histoire des technologies blockchain et des premières formes de monnaies distribuées ? Quelles sont les spécificités techniques de la blockchain et du protocole Bitcoin ? Comment les rendre intelligibles par des dispositifs didactiques ?
Participant-e-s
Guillaume Helleu
Diplômé d’État (ENSA Paris-Belleville) et de l’Oxford Brookes University en architecture, Guillaume Helleu mène actuellement des recherches autour des technologies blockchain et de leurs représentations en parallèle d’une activité d’architecte à Shenzhen (Chine) au sein de l’agence Wau Design. Il a récemment publié un article dans la revue de recherche Multitudes avec Anthony Masure à propos des protocoles blockchain face au post-capitalisme.
Marine Semeria
Diplômée de l’Institut supérieur des arts de Toulouse (Isdat) en Expression Plastique, l’artiste spécule sur des images, des idées et des affectivités. Puisant dans le monde qui l’entoure – le système économique et social complexe du début du XXIe siècle –, elle en retire une matière qu’elle détourne et parodie, pour mieux en comprendre les (dys)fonctionnements. Elle a notamment réalisé plusieurs projets en rapport avec la monnaie sous diverses formes (installations, sérigraphies, vidéos).
Thomas Thibault
Diplômé de l’école Boulle et de l’ENSAAMA en design de produit, Thomas Thibault s’est formé au MédiaLab d’Helsinki. Il s'intéresse à l’influence des technologies numériques et d’Internet sur la société. A ce titre, il est intervenu dans différents projets de la Fing (think tank autour des transformations à l’ère du numérique). Il intervient notamment sur des sujets comme la blockchain et la programmation.
En 2013 il fonde le collectif Bam, collectif de designers engagés sur les pratiques collaboratives et pratiques numériques. En 2015, Thomas Thibault lance l’Atelier numérique de l’école Boulle, un fablab autogéré et initié par les étudiants. Il est organisateur du festival Maker Faire en France.
Rémi Sussan
Journaliste à Internetactu.net, Rémi Sussan a travaillé pendant une dizaine d’années dans la presse technique et informatique, pour laquelle il a écrit de nombreux articles prospectifs (réalité virtuelle, intelligence artificielle, etc.). Il s’intéresse à l’impact des technologies ou des sciences sur les comportements sociaux ou les mouvements idéologiques.
Compte-rendu
Compte-rendu des 4 interventions de la séance et des échanges avec la public.
Marine Semeria
Présentation de ses projets artistiques :
Millionnaire(2013) est une action au cours de laquelle l'artiste se fait un chèque d'un million d'euros puis l'encaisse, devenant millionnaire durant quelques heures.
Bank ok Lies(2016) est une vidéo tournée en caméra cachés de banquier-e-s répondant aux deux questions suivantes : d’où vient l’argent quand on fait un crédit ? Qui crée la monnaie et comment ?
Samsara (2016) est un jeu de société réalisé en collaboration avec Naïs Calmettes & Rémi Dupeyrat et Liza Maignan. Il reprend les règles du jeu Geconomicus® et permet d'expérimenter des systèmes économiques alternatifs.
Marine Semeria dénonce un modèle économique fondé sur la dette, qui contraint à la croissance pour être remboursée. Elle est engagée auprès de l'initiative de monnaie libre en Occitanie, qui passe par un dividende universel attribué à chaque individu.
Elle fait est une version locale et occitane de la Monnaie Libre créée en octobre 2017 à Lille, une monnaie équitable qui se base sur le protocole blockchain Duniter.
Quel imaginaire derrière le Bitcoin ? par Rémi Sussan
Rémi Sussan revient sur les idéologies politiques, les courants d'idée et les conceptions du monde que l'on retrouve derrière le bitcoin à partir de nombreuses références, des mouvements open source et libertarien aux idéologies pirates.
Il développe cette intervention dans deux articles à lire sur Internet.actu :
L'imaginaire du bitcoin (1/2) : économies futures et post-humaines
Le collectif BAM travaille au croisement de la révolution numérique et de la transition écologique. Leur projet Blockchain Vaisselle raconte l'histoire d'une corvée de vaisselle dans une famille de 4 enfants pour expliquer la blockchain.
Le chercheur Guillaume Helleu revient sur les histoires entrelacées du bitcoin et de la blockchain dont il explicite les principes et le fonctionnement.